Lettres ouvertes

De 1931 à 2002, la Suisse a délivré quelque six millions d’autorisations de séjour saisonnier, appelées permis « A », à des travailleur·euse·s immigré·e·s. Ce statut strictement conçu pour les besoins de la croissance helvétique imposait des règles drastiques à ses bénéficiaires. Le/la saisonnier·ère n’avait pas le droit de faire venir sa famille, et son séjour en Suisse était limité à neuf mois par an. Le phénomène des enfants dits « du placard », parce qu’ils /elles étaient condamné·e·s à se cacher, fut une des conséquences notables de cette politique. Dans une série de lettres ouvertes, d’ancien·ne·s saisonnier·ière·s et leurs enfants racontent l’impact que ces séparations constantes et mutilantes ont eu sur leur existence. Celui-ci reste palpable et sa divulgation questionne l’étrange capacité d’indifférence qui fut celle des citoyen·ne·s suisses face à ces êtres humains voués à bâtir leur pays et à se rendre invisibles dans le même temps.