Tatami

Tourné en noir et blanc dans un format carré, «Tatami» est une oeuvre exigeante qui demande un intérêt notable de la part de ses spectateurs. Il est question de relations très complexes dues à un gouvernement autoritaire sans cesse sur le dos de ses citoyens et le long métrage transporte l’angoisse de ses protagonistes sur les spectateurs. L’aspect très physique du judo est montré de manière sèche et frontale, ce qui vaut quelques moments très musclés qui pourraient heurter certaines sensibilités. Mais c’est surtout la violence morale omniprésente qui peut déranger. Ce film iranien réalisé en exil grâce à des apports financiers américains, anglais et géorgiens, est l’image parfaite de ce que doivent faire les artistes de ce pays pour ne pas être perpétuellement entravés par les contraintes liées à la théocratie. On apprend beaucoup sur la politique stricte de l’Iran et sur sa culture, et comment le gouvernement asservit ses citoyens en usant de menaces qu’il met à exécution si on ose les contredire. Le film décrit parfaitement l’angoisse qui s’empare des gens de voir leur famille menacée à tout moment. C’est un film artistiquement beau et très courageux dans son discours qui ouvre les yeux sur un sujet très délicat. Très politique et très noir, ce film est avant tout conseillé aux grands adolescents et aux adultes.