Extrano

“Extraño”, en espagnol, signifie «étranger à» ou «indifférent à». La lente errance d'un chirurgien illustre ce sentiment d'indifférence face à la vie. Le désespoir, l'incapacité et le refus d'établir des relations humaines, cette impression d'être étranger à sa propre existence sont le moteur de l'histoire. L'évocation d'un personnage que l'on ne voit jamais (on apprend qu’il s'est suicidé) permet à une amie et à la mère d'exprimer enfin des sentiments et d'évoquer quelques éléments du passé. Les relations psychologiques sont pesantes car les personnages se parlent peu, refusent de trop se dévoiler à l'autre, sont désespérés et semblent laisser s'écouler le temps. Une certaine exemplarité négative pour des enfants apparaît dans quelques scènes (les personnages cherchent avec l'alcool à "peupler" leur solitude, leur mal-être, leurs silences, un jeune enfant fume des cigarettes en compagnie de son oncle, très compréhensif et pas concerné, etc.). Le fait de ne rien connaître des personnages accentue l'aspect triste et déroutant de cette oeuvre. Le film est également très lent. Il est constitué d'une suite de plans fixes et de travellings. Les images sont obscures, sombres mais belles. Une histoire d'adultes avec des problèmes d'adultes pour un public d'adultes.