Frères

Deux frères, séparés depuis leur enfance, se retrouvent en Israël. L’un, sioniste laïc et de gauche, vit dans un kibboutz ; l’autre, orthodoxe ultraconservateur, est un avocat new-yorkais invité en Israël pour un procès. Au travers de ces deux personnages archétypiques, le réalisateur nous présente les conflits internes de la société israélienne, ses dérives idéologiques et surtout religieuses avec le rôle de ses leaders et des yeshivot, l’opposition radicale entre l’Etat et la religion (plus précisément le judaïsme, nuance importante dans le film), le poids de l’histoire et les incertitudes de l’avenir. Même s’il s’agit d’une fiction, ce film est d’une grande authenticité et d’un réel intérêt culturel et cinématographique. Quant à la réflexion qu’il suscite, elle dépasse largement la seule problématique israélienne. Deux scènes violentes (un assassinat et un tabassage) sont à relever mais présentées très sobrement. Par contre, l’atmosphère haineuse des milieux intégristes peut choquer les spectateurs non avertis. Même si le film dénonce leurs discours et leurs comportements, on se rend bien compte que toute réconciliation est impossible. Pour apprécier à sa juste valeur ce film assez long et très “verbal”, une certaine connaissance de l’histoire d’Israël, du peuple juif et de la religion judaïque est utile, notamment lors des joutes juridiques et des débats idéologiques.