Ma mère

Ce film, long et difficile, comme le texte qui en est à l’origine, cherche à briser en les transgressant les tabous sexuels, familiaux, sociaux. L’atmosphère est donc lourde, glauque, équivoque, sombre, malsaine, écoeurante. La vision donnée de l’être humain et des rapports familiaux est morbide et désespérée et les images très crues, difficilement soutenables, disent toutes les expériences sexuelles les plus extrêmes (scatologie, sadisme, masochisme, tortures, humiliations, voyeurisme, inceste, déviances et perversions multiples, ...). La relation incestueuse entre mère et fils est particulièrement choquante et perverse. Il est à relever toutefois que cette adaptation d’un livre inachevé et posthume de Georges Bataille soulève les questions essentielles relatives à la sexualité, au rapport au corps, à l’inceste, la mort, la morale. De plus, en situant l’histoire dans un endroit de tourisme industriel - les îles Canaries - le film est révélateur de l’évolution décadente d’une certaine société. Il permet également de s’interroger sur la pertinence de porter à l’écran un texte littéraire difficile, poétique et chargé de sens, de l’ordre de l’expérience intérieure. En effet, portées à l’écran, les images sont forcément obscènes, sulfureuses, choquantes, éprouvantes et insoutenables.