Still Walking

Un film d’une grande valeur esthétique et cinématographique: les images sont belles, la mise en scène élégante, précise et sobre, les dialogues simples, souvent presque anodins, mais laissant saisir les non-dits. D’une grande authenticité également, pour autant qu’on puisse en juger... en tout cas épuré de tout effet folklorique. Dans un Japon contemporain, curieux mélange de traditions et de modernité occidentale, se joue une histoire familiale universelle que chacun pourra sans doute relier à sa propre histoire. Les nombreuses thématiques proposées sont très intéressantes: le deuil - ses rituels et le poids du fils aîné mort servent de base pour développer les relations familiales sur trois générations et avec des “pièces rapportées” qui induisent des problèmes de filiation -, le statut familial, professionnel et social, les rôles des hommes, des femmes et des enfants, etc. Les tensions familiales sont montrées de manière sensible et pudique, sans aucun pathos et même avec un certain humour, ce qui permet de ne pas en accentuer la pesanteur et de ne pas rebuter le spectateur. Quant à “l’univers étranger”, il est possible qu’il désarçonne les plus jeunes, surtout au début, mais l’humanité du propos compense cet éventuel inconvénient. Le film est long pour de jeunes enfants, d’une certaine lenteur même, mais d’une lenteur qui a du sens et qui finalement “fait du bien”.