Vers le sud

Dans un pays du Sud à vocation touristique où règnent la dictature et la pauvreté, tous les moyens sont bons pour survivre. Le touriste du Nord amène avec lui son argent fort et sa misère affective. Il trouve au Sud "son obscur objet du désir" pour pas cher. La prostitution masculine hétérosexuelle est au centre de l'oeuvre. Le réalisateur ne filme pas des scènes explicites. Il se contente d'amorcer de manière douce les moments intimes. Même le jeune enfant, accepté par le groupe, est rapidement remis à sa place de gosse par les adultes. Il y a encore un peu de morale, sans empêcher toutefois l'apprentissage du futur "métier" de gigolo. La parole est cependant donnée aux personnages qui n'hésitent pas à utiliser parfois des mots crus pour parler de leurs désirs et de leurs sentiments. L'hôtel est une bulle qui autorise tous les écarts: alcool, drogue, sexe... Mais la rivalité des deux femmes trouble la quiétude de ce havre de paix. Dans la ville, les "tontons macoutes" du dictateur terrorisent la population (ici, un petit vendeur de boissons), poursuivent et tuent des gens, exposent leurs cadavres nus au vu et au su de tout le monde (là, un jeune couple d'autochtones déposés nuitamment sur la plage de l'hôtel). La peur et la misère rendent les gens nerveux. De nombreux thèmes sont abordés dans ce film: le tourisme sexuel, ou amoureux selon le réalisateur, le désir des femmes, leur solitude et leurs problèmes, les relations Nord - Sud, la survie dans un pays sinistré. Ce film concerne a priori des adultes. De trop jeunes adolescents pourraient manquer de recul face à cette vision de l'existence et des rapports humains.