Draquila - L'Italie qui tremble

Ce documentaire est clairement subjectif, partisan et orienté. Cela dit, la réalisatrice fonde son propos sur des faits objectifs et connus et, si elle ne laisse guère l’occasion aux tenants du pouvoir de répondre aux critiques, elle donne néanmoins la parole à de petites gens qui soutiennent et aiment Berlusconi. Le tremblement de terre qui a détruit Draquila est l’occasion de dénoncer - sur le ton de la polémique et de l’ironie - les manipulations et le cynisme du pouvoir, les liens entre politiciens de la majorité, hommes d’affaire(s) et maffia, la corruption et le recyclage, ou le détournement de l’argent dans l’immobilier, et en fin de compte l’illusion démocratique. Diverses affaires et les frasques sexuelles des dirigeants (call-girls, femmes nues et un sexe en érection) ne sont pas oubliées et présentées avec un humour noir et féroce, notamment par le biais de cartoons, de bandes dessinées ou d’écoute d’extraits - fort suggestifs et véritablement glaçants - de conversations téléphoniques. Il n’y a pas vraiment de violences physiques importantes montrées à l’écran mais la tension entre la population et la police ou l’administration est efficacement décrite. On peut évidemment compatir et s’identifier aux personnes qui ont tout perdu. Par contre, la manière dont sont montrés Berlusconi et ses cercles d’amis relèvent plutôt d’une “exemplarité positive”, ou “en creux” (ce qu’il ne faut pas faire...). Le visionnement nécessite une certaine attention : les sous-titres sont souvent illisibles, le rythme est soutenu et le montage nerveux. Quelques connaissances et facultés de compréhension de la politique italienne sont utiles pour apprécier ce film qui, par sa thématique et son traitement, s’adresse plutôt aux adultes.