Incendies

Fiche du film

Titre original
Incendies
Année
2010
Pays d'origine
Canada
Réalisateur(s)
Denis Villeneuve
Distribution
Filmcoopi Zürich
Durée
130 min.
Acteurs
Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Rémy Girard
Genre
Drame
Résumé succinct
A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien. Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa sœur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue.
Synthèse
Un film intéressant, âpre, dur et qui nécessite quelques efforts d’attention pour saisir la complexité des propos. Deux thématiques sont abordées et s’entremêlent. D’une part la guerre du Liban qui oppose deux communautés religieuses (chrétiens et musulmans). Les assassins sont issus des deux camps, les victimes aussi, et à cet égard le film est équilibré et crédible, ce qui accentue son intérêt historique. D’autre part, la recherche par deux jumeaux canadiens de leurs racines. Pour cela, ils doivent se rendre au Liban pour retrouver les traces de leur mère et d’autres membres de la famille. Cette quête initiatique révèle également le problème de la transmission d’une réalité indicible et des moyens de s’approprier et d’accepter une filiation lorsqu’on “hérite” d’une situation aussi dramatique. La grande violence propre à un état de guerre - car mitraillé et incendié avec ses occupants, meurtres de sang-froid (y compris d’enfants), tortures en prison, ruines, viol (évoqué) - est montrée sobrement, crument mais sans complaisance ni effets spectaculaires. Elle en est d’autant plus réaliste et impressionnante, et elle suscite une certaine angoisse. On l’aura compris, les relations entre les personnages, surtout au Liban, sont pesantes et tendues, chargées de peur, de folie meurtrière, de communautarisme et de haine de l’autre (de méfiance dans le meilleur des cas). Quelques rares traces de compréhension et de solidarité ne parviennent pas à atténuer la déshumanisation de ces sociétés. A noter que la dramaturgie théâtrale - ce film est inspiré d’une pièce de théâtre - provoque quelques petites invraisemblances mais cela n’est guère gênant : la démonstration reste convaincante et exemplaire.

Revenir