L'étrangère

Ce film est un violent réquisitoire contre les excès du communautarisme. Après un avortement et pour fuir un mari violent et sa “belle famille”, une jeune femme, Umay, quitte la Turquie avec son enfant de cinq ou six ans en espérant trouver réconfort et accueil auprès de sa famille d’origine turque vivant en Allemagne. Malheureusement, malgré sa gentillesse, sa demande de pardon, son amour de sa famille et l’acceptation “quand même” de ses règles, ce ne sera pas le cas car, par sa situation, elle jette l’opprobre sur sa famille en ne respectant pas les codes de l’honneur ni sa place de fille, d’épouse et de mère. Les pressions de la famille sur Umay, allant jusqu’à des tentatives d’enlèvement de son enfant, mettent en évidence la violence et la radicalité des règles culturelles et communautaires, la toute puissance des hommes - toutes générations confondues, chacun agissant en fonction de sa place dans la hiérarchie des âges - et par conséquent la soumission et l’impuissance des femmes, le “droit” à l’exclusion et à la punition incluant le meurtre... Cette violence se manifeste de manière physique et, encore plus fortement, de manière psychologique et sociale. Si les risques d’exemplarité négative, de fascination et d’identification sont probablement assez limités pour les spectateurs ne partageant pas ces valeurs communautaires, ils pourraient par contre exister pour certains jeunes qui y sont fortement attachés (même si la situation et le fonctionnement de ces communautés ne sont pas les mêmes en Allemagne et en Romandie, où elles sont certainement moins repliées sur elles-mêmes). Un beau film sur les questions de l’intégration, de la soumission et de la liberté, du conflit entre l’individu et la communauté…