Cirkus Columbia

Le film se déroule à la veille de la guerre entre Serbes et Bosniaques qui ravagera la région. On sent bien la tension qui monte mais curieusement, jusqu’au dernier moment, la vie quotidienne des habitants se poursuit presque normalement, comme sous Tito. Seuls quelques édiles ou militaires semblent conscients du drame qui s’approche. Ce contexte est important et il peut être utile d’avoir quelques connaissances historiques pour bien comprendre comment des gens ayant vécu en bonne entente pendant longtemps en arrivent à se faire la guerre. Après vingt ans passés en Allemagne où il s’est enrichi, un homme revient au pays avec sa “nouvelle femme”. Usant de son influence et de son argent (il amplifie la cupidité et la corruption ambiantes), il se réapproprie sa maison dans laquelle vivent encore son ex-femme et son fils (qu’il ne connaît pas). Ce sont surtout ces personnages que le film décrit. Par cet élément perturbateur qu’est le retour du père, leurs relations sont rendues lourdes et tendues car sa longue absence n’a pas fait disparaître la jalousie et l’incompréhension. Le père est d’ailleurs le personnage le plus complexe du film : s’il se comporte le plus souvent en personnage tout puissant, arrogant et machiste, il est aussi capable de générosité, ce qui lui vaudra une certaine forme de rédemption. Quelques violences sont à relever (tabassages, claques...) même si elles ne sont pas montrées avec complaisance. De même, une scène de relation sexuelle est assez ambiguë (elle commence comme un viol mais se termine par le consentement de la femme). Ce film aborde également d’autres thématiques telles que les relations hommes-femmes, la modification des comportements lorsqu’on porte un uniforme, les rapports entre les autorités et le bas peuple. Intéressant, instructif, bien filmé et agréable à voir, ce film s’adresse pourtant à un public d’adolescents ou d’adultes en raison de ses sujets et de son traitement.