Une famille

Le thème de la mort d’un père et de ses répercutions sur la famille est rarement abordé au cinéma avec autant de justesse, de crédibilité et de réalisme. Il s’agit cependant d’un sujet essentiel dans la vie de toutes les familles : chacun a vécu ou vivra cette situation. Les relations familiales sont perturbées par la déchéance et l’agonie du père, montrées longuement et pudiquement mais susceptibles d’impressionner les plus jeunes spectateurs. Chacun doit faire des choix par rapport à son projet de vie (profession, déménagement, rester en couple, avoir un enfant...), ce qui s’avère compliqué en raison de la “tyrannie” du père qui se fonde tant sur l’amour que sur la tradition familiale (on est boulanger depuis plusieurs générations et il n’est pas question d’abandonner l’entreprise). La scène d’amour finale, qui suit de près celle de la mort du père, semble indiquer que la vie reprend ses droits et que les protagonistes ont résolu leurs problèmes, après bien des échecs, des renoncements et des conflits. A noter une scène peu visible d’avortement (les petits ne comprendront peut-être pas ce qui se passe, par contre la manière de le filmer peut tendre à banaliser l’acte - ça semble assez facile - sans en occulter pour autant les effets psychologiques). Un film d’une grande qualité cinématographique avec un beau travail sur les cadrages, la lumière, les arrière-plans et les décors. Les personnages, pudiques et réservés, parlent peu mais les non-dits sont remarquablement évoqués par les regards, les attitudes corporelles et les petits gestes du quotidien. On retrouve la grande tradition des films scandinaves. La thématique du film et son traitement (assez lent, absence d’humour, intériorisation des sentiments) font qu’il s’adresse plutôt aux adultes et aux adolescents d’une certaine maturité.