De bon matin

Fiche du film

Titre original
De bon matin
Année
2011
Pays d'origine
France, Belgique
Réalisateur(s)
Jean-Marc Moutout
Distribution
Frénétic Films
Durée
93 min.
Acteurs
Jean-Pierre Darroussin, Xavier Beauvois, Yannick Renier, Valérie Dréville
Genre
Drame
Résumé succinct
Lundi matin, Paul Wertret se rend à son travail à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver, abat deux de ses supérieurs puis s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme jusque-là sans histoire revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’on conduit à commettre son acte.
Synthèse
Il s’agit d’une fiction, certes, mais néanmoins beaucoup de spectateurs ne manqueront pas de constater qu’elle est bien proche d’une réalité qu’ils connaissent ou dont ils ont entendu parler : la violence des relations dans le monde financier et plus généralement dans les grandes entreprises pour lesquelles seul compte le profit, le mobbing, les manipulations, le non respect des travailleurs. Le cinéaste ne se contente pas de dénoncer une société qui perd ses valeurs et va droit dans le mur. Il présente également, avec beaucoup de réalisme et de justesse, l’échec d’un homme bon qui ne parvient pas à se libérer d’un système toxique ou à le surmonter. Pris entre sa dépendance professionnelle et le manque de reconnaissance, tant de sa hiérarchie que de ses collègues ou de sa famille, cet homme sombre dans la dépression et n’a d’autres alternatives que le passage à l’acte : le meurtre de ses chefs et le suicide. Même la possibilité d’une “fuite en avant” (un nouveau job, un tour du monde, une démarche humanitaire) ne suffit pas à redonner un sens à sa vie. De ce point du vue, ce film présente une valeur pédagogique certaine dans la mesure où sont décortiqués de manière clinique les moeurs des entreprises et le pouvoir de la finance, ce qui est évidement d’une actualité brûlante. Outre la consommation d’alcool, ce film pose clairement le problème du lien entre la réflexion et l’action, entre l’honnêteté et l’efficacité, entre l’individu et la société. La violence psychologique traverse tout le film mais il faut y ajouter deux scènes de violence physique : les meurtres et, surtout, le suicide qui est montré de manière extrêmement saisissante. La vision amère, parfois anxiogène, du monde et des relations entre les personnages rend le film pesant mais cela est pleinement justifié par la situation et n’enlève rien au grand intérêt thématique et cinématographique du film (les longs plans fixes rendent parfaitement l’ambiance désespérée des propos). De par sa thématique et son traitement, il s’adresse néanmoins aux adultes et aux adolescents conscientisés.

Revenir