Fiche du film
Titre original
Polisse
Année
2011
Pays d'origine
France
Réalisateur(s)
Maïwenn
Distribution
Frénétic Films
Durée
127 min.
Acteurs
Maïwenn, Joeystarr, Marina Foïs, Karin Viard, Nicolas Duvauchelle, Riccardo Scamarcio, Anthony Delon, Laurent Bateau, Emmanuelle Bercot
Genre
Drame, docu-fiction
Résumé succinct
Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs), ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs, mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe et tenter de faire avec. Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’Intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
Synthèse
Un remarquable film “coup de poing” dont on ne sort pas indemne ! Même s’il s’agit d’une fiction, très bien écrite et montée, cette chronique de la Brigade de Protection des Mineurs de Paris est proche du documentaire, ce qui renforce sa force et son authenticité. Le quotidien de ces policières et policiers (la brigade est composée de nombreuses femmes) n’est fait que de violences, de déviances, d’actes sordides souvent à caractère sexuel et de populations misérables ou perverses (pédophilie, maltraitances, enlèvements d’enfants, la liste est longue). Ces situations sont moins montrées qu’évoquées lors d’interrogatoires ou lors de discussions entre les policiers, dans un langage très cru et très explicite, à tel point que les violences décrites sont aussi insupportables que les scènes de violences physiques. Toujours dans l’action face à la misère du monde, avec les nerfs à fleur de peau, sans la possibilité de prendre du recul et sans cesse confrontés à leur impuissance (ils ne peuvent certes compter sur le soutien de leur hiérarchie), on comprend bien que la vie privée de ces policiers est fortement perturbée, qu’ils ont besoin pour décompresser et se défendre de quelques fêtes alcoolisées et autres dérivatifs (leur vie sexuelle est un sujet récurrent de leurs discussions). Cela n’empêche d’ailleurs pas quelques excès (leur fou rire lors d’un interrogatoire), des relations souvent tendues même si on constate entre eux une réelle solidarité et certaine tendresse, et un suicide. Malgré toute cette noirceur, il est réconfortant de constater que des gens résistent avec humanité pour préserver l’état de droit et protéger autant que faire se peut les mineurs, dans des conditions bien pénibles. Les personnages d’une vraie épaisseur contribuent à rendre ce film crédible (malgré un léger penchant pour le spectaculaire et l’émouvant) et instructif, tant au niveau des procédures et pratiques policières parisiennes qu’au niveau de la réalité sociale, économique et culturelle. Ce film est éprouvant, long, dur, très condensé et rythmé, avec de nombreuses images ou propos chocs, rendu cependant un peu plus digeste par quelques scènes drôles (mais attention, ce n’est de loin pas un film d’humour). Il s’adresse aux adultes et aux adolescents bien matures, et pourquoi pas aux classes des 15-16 ans pour autant que les enseignants assurent un vrai travail de préparation et de débriefing.