Les marches du pouvoir

Ce film est d’un grand intérêt culturel et thématique (sur les élections primaires des candidats à la Maison Blanche) et donne à réfléchir sur le fonctionnement et les mœurs politiques de la plus grande démocratie du monde. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, le réalisateur dénonce brillamment et de manière fort plausible la lutte pour le pouvoir dans cet univers impitoyable où tout est permis, avec ses chantages, ses manipulations, son cynisme, ses ambitions qui justifient les coups tordus. Le système est tel que même des hommes qui défendent des valeurs humanistes sont poussés aux compromissions et noyés par les luttes d’influence. Cette mécanique implacable, proche du jeu d’échecs, est à la fois dérisoire (à quoi tient une élection) et effrayante (vu l’enjeu et l’influence des États-Unis sur le monde) : ce sont les “tueurs” qui gagnent ! Il est intéressant de relever que le vrai discours politique est quasiment absent du film, ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant, et que ce ne sont pas les idées qui importent mais les erreurs. C’est ainsi, par exemple, que le puritanisme américain est très prégnant pour tout ce qui touche aux mœurs et à la vie privée, que l’argent et la publicité comptent plus que les idées. En outre, le public européen pourra se faire une idée des mécanismes électoraux, du rôle des conseillers et des “petites mains”. S'il ne contient aucune scène choquante (un suicide et une scène de relations sexuelles sont montrés furtivement), l’ensemble des procédés décrits le sont. L’intrigue est un peu complexe et touffue pour les jeunes spectateurs et les sous-titres défilent rapidement. Une certaine connaissance de la politique et de la culture américaines est utile pour bien comprendre les enjeux.