Michael

Ce film épuré et d’une extrême rigueur, fait froid dans le dos ! En traitant de manière clinique la misérable vie quotidienne d’un pédophile et ses relations avec l’enfant qu’il séquestre, le cinéaste interroge clairement le spectateur sur ses positions face à un crime abominable, sur ses notions de justice (l’immanente et celle de la société, légale ou non), sur ses instincts archaïques liés à la vengeance et à la culpabilité, sur sa perception des limites entre la normalité et le pathologique, entre le visible et le caché. Sans avoir recours aux effets spéciaux, aux scènes spectaculaires et aux grosses ficelles dramatiques, l’auteur propose un film au montage très intelligent : tout est dit par les cadrages et les “hors cadres”, la durée des plans, les sons et les silences, les objets, les décors. Cela ne fait qu’amplifier son côté parfois insupportable. L’homme est bien montré comme un psychopathe sans affects, mais il est aussi capable de prendre soin de l’enfant qu’il abuse, de jouer ou de fêter Noël avec lui. Il mène par ailleurs une existence solitaire mais médiocrement banale, transparente en apparence, bien adaptée au niveau professionnel. Les rares personnes qui le côtoient sont loin de se douter du clivage de sa vie et de la réalité obsessionnelle de son comportement. Quant à l’enfant, on imagine bien ses traumatismes, voire sa culpabilité. On plonge donc aux tréfonds de la réalité humaine. La violence, l’angoisse, les perversions sexuelles, les relations pesantes et perverses, traversent tout le film sans répit ni humour (à l’exception peut-être d’un sermon involontairement décalé d’un curé). Ce film s’adresse à un public averti en raison de sa thématique et de son traitement.