J. Edgar

Cette biographie est certes romancée mais les faits relatés sont connus et la peinture de Hoover assez crédible, malgré de nombreuses zones d’ombre qui subsistent du fait que sa secrétaire très zélée ait détruit beaucoup de documents. Le film est intéressant du point de vue historique, thématique et culturel : l’histoire de l’Amérique pendant une grande partie du XXe siècle est vue par le prisme d’un anti-communiste farouche. La puissance et l’autonomie du FBI par rapport à la politique suscite la réflexion, et même l’inquiétude, tout comme la personnalité de Hoover - personnage autoritaire, controversé et craint, aux pratiques douteuses (espionnage, chantage, manipulation, violence) et aux pouvoirs immenses. Ses relations avec les autres sont souvent tendues (voire perverses quand il espionne la chambre à coucher d’un Président), tant il est féroce avec ses ennemis et traite ses employés (et même parfois les personnes qu’il aime, sauf sa maman) comme des pions. Même si l’attrait du pouvoir peut susciter une certaine fascination chez certains spectateurs, le risque d’identification est assez minime car Hoover provoque plutôt la répulsion et le film montre bien qu’il était un homme bourré de problèmes et pas heureux, notamment en raison de son homosexualité refoulée (toutes les ambiguïtés ne sont pourtant pas levées). Quelques scènes de violence, bien que pas trop choquantes, sont à mentionner : bombe, tabassages, descentes de police et arrestations musclées. Le film est très long, très verbal, touffu (avec de nombreux changements d’époques). De plus une certaine connaissance de l’histoire des États-Unis est nécessaire pour bien le comprendre.