Amador

Par petites touches, comme un puzzle, ce film décrit fort bien à la foi la misère économique, sociale et affective des milieux défavorisés en Espagne et les expédients auxquels les personnages ont recours pour réaliser leurs projets dérisoires. Pour y parvenir, littéralement pour vivre, ils profitent des morts. Tous les moyens sont bons : conservation et dissimulation d’un cadavre, mensonges, petits arrangements intéressés, exploitation humaine, escroquerie et vol. Si l’ambiance est rendue lourde, parfois inquiétante, par la gravité du sujet et les relations entre les personnages, il n’en reste pas moins que ce film largement métaphorique propose de nombreux sujets de réflexion sur les liens personnels et sociaux, le vrai et le faux, la vie et la mort, la superstition, la solitude, les problèmes moraux (la fin justifie-t-elle les moyens ?) et les effets de la crise économique. A mentionner également un suicide raté et les “bons soins” d’une prostituée âgée, sans pour autant que les images soient choquantes. Le film est bien construit mais lent, statique et pesant, ce qui est porteur de sens. Il s’adresse, tant par son sujet que par son traitement, aux adultes ou adolescents avertis.