Terraferma

Le film joue sur les oppositions, symbolisées par le contraste entre les beautés paradisiaques de l’île et la violence, l’inhumanité du contexte, bien réel même s’il s’agit d’une fiction. Celles des lois de la mer qui veulent qu’on sauve les naufragés et celles de l’Italie qui interdisent le secours aux réfugiés naufragés. Celles aussi des pratiques ancestrales d’une petite île au large de la Sicile (la pêche) et de la double “invasion” (des touristes et des réfugiés). Ces situations agissent sur les comportements collectifs et individuels des habitants et mettent en évidence l’impasse dans laquelle ils se trouvent, leurs conflits de valeurs et leurs dilemmes face à leurs choix. La question de l’efficacité, de l’application et de l’humanité des lois à l'encontre des réfugiés est clairement posée. Pour autant, c’est moins la responsabilité des habitants de l’île qui est traitée que celle de l’ensemble des citoyens du pays et de l’Europe qui ont - ou leurs représentants - voté ces lois. Deux scènes violentes sont à signaler, lorsqu’un enfant tente d’étrangler un bébé né d’un viol (scène très courte) et, surtout parce que plus spectaculaire, lorsqu’un marin frappe des naufragés pour qu’ils ne montent pas dans sa barque.