Like Someone in Love

Comme souvent chez Kiarostami, ce film s’adresse à un public averti : le rythme est lent, avec de longs plans à caméra fixe, il y a peu d’action et la chute - un peu frustrante - est laissée à l’appréciation du spectateur. L'écriture est remarquable avec une scène introductive d’anthologie et un beau travail sur les points de vue. Le cinéaste nous présente les relations étranges entre trois personnages qui se croisent mais ont de la peine à se rencontrer : une jeune femme hagarde, désemparée et soumise qui se livre à la prostitution, un vieil homme solitaire qui malgré sa sagesse et son expérience est un brin dépassé par ce qui lui arrive, et un jeune homme amoureux (le “fiancé” de la jeune femme) facilement violent qui comprend mal ce qui se passe. De beaux portraits de personnages dont les dialogues et les connivences masquent mal l’ambiguïté de leurs propos chargés de non-dits et de leurs attitudes. Quelques notions de la culture japonaise peuvent aider à la compréhension du film, notamment pour ce qui concerne la relation entre le vieil homme et la jeune femme : il recherche une compagnie plus qu’une relation sexuelle tandis qu’elle se met immédiatement au lit (on pense donc aux geishas dont la fonction n’était pas que sexuelle). Enfin, si la soumission de la jeune femme est dénoncée, le réalisateur se garde bien de nous assommer avec des jugements moraux.