A perdre la raison

Fiche du film

Titre original
A perdre la raison
Année
2012
Pays d'origine
Belgique, Luxembourg, France
Réalisateur(s)
Joachim Lafosse
Distribution
Filmcoopi Zürich
Durée
114 min.
Acteurs
Niels Arestrup, Tahar Rahim, Emilie Dequenne
Genre
Drame
Résumé succinct
Murielle et Mounir s'aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d'avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.
Synthèse
Le cinéaste parvient remarquablement bien à faire ressentir au spectateur le sentiment de malaise, de douleur et d’enfermement d’un jeune couple complètement dépendant - financièrement, affectivement, psychologiquement et même géographiquement puisqu’ils vivent ensembles - d’un médecin aux motivations et comportements pour le moins troubles. Cet homme, par ailleurs père adoptif et employeur du mari et époux de sa soeur par un mariage blanc, exerce une emprise totale sur le couple et ses quatre enfants. A la fois protecteur, possessif, agresseur et manipulateur, il maintient en particulier la femme à la maison à coup de médicaments et d’arrêts de travail. Complètement dévalorisée, elle aura donc de plus en plus de difficultés à assumer son rôle de mère et perdra en plus son travail, dernier espace de liberté et d’ouverture sur le monde. Le mari, moins maltraité parce que plus soumis et pris dans un conflit de loyauté, est également victime du même système. L’horizon du couple se restreint donc progressivement jusqu’à le mener à l’impasse et à un passage à l’acte tragique de la mère qui tue ses enfants pour les sortir de l’enfer qui s’annonce. On n’est certes pas surpris par cette issue fatale puisqu’elle est annoncée en introduction. Néanmoins on reste choqué par la manière glaciale dont cela se déroule : on ne voit pas les meurtres mais les enfants disparaissent l’un après l’autre de la pièce où il ne reste à la fin que le vide et la TV. La très grande tension et la très grande violence psychologique sont accentuées par le style cinématographique : on colle littéralement aux personnages toujours filmés en gros plans, la mise en scène et les cadrages ne laissent quasiment pas de place à “l’extérieur” de la famille, tous les détails sont significatifs (décors, habits, maquillages, etc.). D’autres thématiques sont abordées qui donnent un sens à l’histoire, notamment les différences culturelles (le mari vient du Maroc), les mariages blancs pour obtenir les papiers et “l’adoption” d’un enfant pour raisons économiques, l’ambiguïté des rapports entre le médecin et une psychiatre au détriment de la femme (de la patiente).

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