Broken

Des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs. Cela concerne notamment la violence avec un père hyperprotecteur et possessif qui tabasse un jeune handicapé ou un maître d’école, du racket entre élèves, de lourdes menaces et finalement beaucoup de cadavres, ou une vision glauque de la sexualité entre jeunes, à répétition, sans tendresse et sans protection, ce qui conduira à une grossesse accidentelle et à la mort de l’adolescente. Les relations entre les personnages - trois familles voisines dans une banlieue perdue - sont tendues, violentes (ce qui engendre la peur), souvent cruelles et proche de la perversité. Le film est fondé sur “l’effet papillon” : un fait mineur, la découverte d’un emballage de préservatif, entraîne un vilain mensonge puis des drames à répétition. C’est comme si un nuage toxique se répandait sur ce microcosme et tout le monde en est victime. La forme cinématographique accentue, parfois un peu lourdement, les effets anxiogènes et le sentiment de délabrement moral : une entreprise de démolition symbolise la déliquescence des valeurs familiales, une caravane pourrie fait office de refuge, les nombreux décalages entre le son et l’image rappellent le déséquilibre des personnages. Heureusement, le kitch et l’humour typiquement british procurent quelques respirations dans cette acerbe critique familiale, sociale et culturelle. Un film intéressant mais bien sombre.