Amour

Étouffer son épouse est un acte violent mais d’une violence libératrice dans la mesure où il est commis par amour, pour abréger sa souffrance et sa déchéance. Cette scène, avec les soubresauts de l’épouse, est éprouvante. Ce vieux couple fusionnel, replié sur lui-même par la maladie et littéralement enfermé dans son appartement, est émouvant. Le mari ne peut pas faire grand-chose d’autre qu’accompagner son épouse avec le plus de dignité possible en respectant ses volontés : elle ne veut pas être placée en EMS ou finir à l’hôpital. On comprend qu’à partir d’un certain moment elle souhaite la mort puisqu’elle refuse de se nourrir et elle ne veut même plus que sa fille, devenue presque une étrangère, la voie dans son état de délabrement physique. Les infirmières sont également renvoyées. Les personnages sont filmés en gros plans, d’une manière presque naturaliste, ce qui souligne crument leur vieillissement, leur douleur, mais aussi leur respect, leur tendresse et leur amour. Quelques scènes du quotidien - la toilette (douche), le changement des couches, les repas à la petite cuillière et au biberon - impressionnent par leur réalisme. Ce film magnifique mais dur et triste pose clairement la question de la fin de vie dans la dignité et de l’euthanasie, en évitant tout jugement moral ou autre. Mais avant tout, il traite de la relation d’un homme et d’une femme qui s’aiment !