Les bêtes du sud sauvage

La violence, oui, il y en a dans ce film car sans violence il n' y a pas de vie. Et ce sont de ces violences dont il s'agit, celles qui font partie de l'existence des humains et en particulier des enfants. La violence intérieure, celle qu'il faut maîtriser pour grandir, pour survivre, celle que provoque toute relation avec les autres. Apparaissent alors, par le biais de la narratrice, la petite fille de 5 ans, toutes les émotions, qu'un enfant traverse quand il grandit, tous les éléments anxiogènes qu'il lui arrive de rencontrer pour devenir fort et mature : la perte d'un être cher, les catastrophes naturelles, les colères qui surgissent. Les scènes sont appuyées par des effets sonores et les images sont puissantes car le film est habité du début à la fin par une force de vie. La petite fille, confrontée à l'abandon, utilise des moyens extrêmes pour s'en sortir, comme l'allumage d'une plaque de cuisine avec un chalumeau. L'alcool est très présent dans le quotidien des adultes. Le début du film pourrait induire qu'il y a maltraitance du père envers l'enfant, que le monde n'est qu'hostile et dur. Puis le spectateur comprend, par un superbe cheminement, rempli d'images fantastiques, que la force de vie est positive et que l'amour et la lutte pour la survie en sont le moteur. S'il faut devenir fort, il faut aussi s'occuper des plus faibles. Telle une fable ou un conte, les propos du film se mélangent, se métamorphosent en imageries animales. Ce film non seulement suscite la réflexion mais mérite un temps de discussion. La réalisation, étonnante, ne laissera personne indifférent.