Fiche du film
Titre original
Samsara
Année
2011
Pays d'origine
USA
Réalisateur(s)
Ron Fricke
Distribution
Rialto Film
Durée
100 min.
Genre
Documentaire
Résumé succinct
Un océan d’images révèle la variété des êtres et des cultures de notre planète. Ce kaléidoscope de la Terre met en relation des aiguilles rocheuses et des visages burinés, des enfants africains qui jouent et des mannequins en plastique au regard fixe, des moines bouddhistes en prière dans un monastère et de terrifiants guerriers africains avec leurs peintures de guerre, des femmes soldats à l’œil sévère et des danseuses asiatiques gracieuses comme des Elfes, mais également les pyramides du Caire et la Basilique Saint-Pierre de Rome. Nous faisons une incursion dans une usine d’armement et derrière les murs d’une prison, nous observons le flot des pèlerins à La Mecque et un temple de Bagan nimbé des lueurs de l’aube. Naissance et mort, tradition et modernité, foi et espérance, combat et pardon: la caméra met en évidence les oppositions et les tensions qui déterminent notre existence à l’heure actuelle.
Synthèse
Un film étrange qui commence par de longues séquences de belles images sur une musique planante, presqu’à en être ennuyeux. Puis peu à peu la structure du film se met en place, les séquences s’organisent en un tout cohérent fondé sur les oppositions, les points de vue du réalisateur deviennent compréhensibles, les effets cinématographiques (lumières, cadrages, ralentis et accélérés, bande son) renforcent le propos et ce film “muet” (même si la musique est omniprésente, muet donc dans le sens où il n’y a aucun commentaire : le film est à voir et à ressentir) devient alors fort intéressant, en suscitant néanmoins une certaine perplexité tant on passe par toutes les sensations, des plus apaisantes aux plus inquiétantes, sous le regard énigmatique de nombreuses “figures”. Beaucoup d’images sont particulièrement fortes et à la limite angoissantes dans la mesure où elles nous montrent l’état du monde : la puissance des religions et des communautarismes (la foule à La Mecque ou les pèlerins au Mur des lamentations, les atteintes rituelles aux corps), la militarisation de la société (les défilés militaires, les séances de “gymnastique” dans un stade ou dans une prison, le fusil à crosse rose d’une jeune fille), les problèmes alimentaires (les fabrique à viande avec l’abattage industriel d’animaux, le repas au fast food de trois Américains), le monde du travail (l’organisation à la chaîne dans différentes usines), les problèmes environnementaux et liés à la consommation (les décharges et les bidonvilles), le rapport à la mort (par exemple se faire enterrer dans un cercueil en forme de revolver ou d’avion), la société du spectacle et du plaisir (la danse des filles à vendre, la fabrique de poupées gonflables, le happening où un homme s’enduit de boue). Le tout est certes entrecoupé d’images idylliques de paysages ou de quelques paisibles humains mais cela est loin de nous rassurer, pas plus que le Paradis perdu ne peut nous rassurer sur l’avenir du monde. Et au final, ce sont surtout les situations cauchemardesques que l’on retient. Malgré sa qualité esthétique, ce film ne s’adresse pas aux enfants mais aux adolescents conscientisés et aux adultes autant en raison de sa forme cinématographique que du sens des propos et de la violence de certaines images choquantes.