Comme des lions de pierre à l'entrée de la nuit

Avec une caméra qui balaie les superbes paysages de l'île et ses ruines, sans aucune scène de violence explicite, ce documentaire suggère uniquement par la parole l'horreur d'une réalité oubliée : la déportation de dizaines de milliers d'hommes, leur dénuement extrême, les pressions subies, les tortures, les assassinats. Le film est lent, complexe, dépouillé, austère, oppressant. Même en l'absence d'images choquantes, les jeunes sans accompagnement ni information vont s'ennuyer à cause de l'extrême lenteur du rythme de ce film qui redonne vie à un fait historique uniquement par l'évocation. Le réalisateur a accompli un travail cinématographique remarquable, au rythme de la contemplation, avec des inserts d'archives, une photographie de grande qualité et la poésie de textes pour la plupart extraits d'écrits et de témoignages de déportés. Les répétitions, lancinantes, contribuent à donner une charge émotionnelle à cette évocation de tout un pan méconnu de l'histoire grecque. Des enseignants pourraient utiliser des extraits de ce documentaire. Cet hommage à tous les déportés rappelle que la résistance, la parole et la poésie peuvent avoir le dernier mot.