No pain, no gain

Ce film, écrit à partir d’une histoire vraie, met en scène trois protagonistes embarqués dans une spirale de violence qui les dépasse et qui échappe à tout contrôle. En mal de reconnaissance sociale, ils sont prêts à tout pour répondre au "rêve américain" où les preuves de réussite sont associées à la performance, la force, les muscles et la richesse. Les scènes de violence sont nombreuses et crues. La sexualité est associée à un acte de performance et de décharge, où les sentiments sont en rade. La vulgarité et le mauvais goût de certaines scènes peuvent être compris comme une forme d’humour noir qui maintient le spectateur à distance et qui, dans le meilleur des cas, le renvoie à un regard critique sur les valeurs d’une société dont le besoin de réussite et de reconnaissance conduit à l’impasse totale. L’exemplarité peut être négative si le spectateur, attiré par les films d’action, n’a pas un minimum de recul face à ces personnages musclés et tout puissants, exhibant une virilité que rien n’arrête avant d’en arriver aux extrêmes. Les relations psychologiques sont tendues, chacun se renvoyant la responsabilité des innombrables ratés de ce parcours insensé vers le pouvoir et la réussite. Les restes d’humanité et d’empathie exprimés par les protagonistes sont abandonnés par la nécessité d’échapper aux conséquences de cette folle entreprise. Sur le plan physiologique, le nombre et la répétition des scènes de violence sont pesants et finissent par banaliser le propos. Ce film peut représenter une certaine forme d’humour et de délassement pour les amateurs du genre, compte tenu de certaines situations, parfois cocasses, où la réalité dépasse la fiction. Basé sur des événements réels tragiques mais montrés sous forme de comédie dramatique, ce long métrage s’adresse à un public capable de traiter simultanément les différents niveaux de lecture. A noter que pour rester dans le registre de la comédie noire, le scénario occulte la souffrance des victimes.